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RMN DNP des polymères

De nos jours les polymères constituent une classe de matériaux fascinants jouant des rôles clés dans notre vie quotidienne. Cet engouement est étroitement lié au développement conjoint de techniques de polymérisation toujours plus performantes et de techniques analytiques toujours plus précises. En effet, ces progrès permettent de décrire au mieux les relations microstructure/morphologie/propriétés indispensables à la compréhension de leurs propriétés macroscopiques et leur optimisation. La RMN est traditionnellement considérée comme une technique spectroscopique de choix pour étudier la structure et la dynamique des polymères. Elle demeure néanmoins fortement limitée par sa faible sensibilité, qui se traduit généralement par l’obtention de spectres RMN caractérisés par un faible rapport signal-sur-bruit (S/B). Parmi les méthodes capables d’augmenter cette sensibilité, la polarisation dynamique nucléaire (ou DNP pour « Dynamic Nuclear Polarization ») figure probablement parmi les plus prometteuses. Basée sur un transfert de polarisation électron-noyau, cette technique permet d’augmenter de manière impressionnante l’intensité du signal RMN (ex : un gain théorique de l’ordre de 660 et 2600 peut être obtenu respectivement pour les noyaux 1H et 13C). Bien que le principe de la DNP ait été connu dès les années 1950, son utilisation en RMN haute résolution s’est longtemps heurtée à des verrous technologiques et théoriques. Cette situation a récemment changé avec la commercialisation d’appareils de RMN DNP haute résolution et le développement de nouveaux radicaux performants utilisés comme agents de polarisation DNP. Dans ce contexte, notre équipe a montré que la technique RMN DNP haute résolution pouvait contribuer de manière efficace à l’analyse structurale des polymères synthétiques, en augmentant la sensibilité des expériences RMN de manière significative.

Ce projet fédère actuellement plusieurs équipes au sein de l’ICR (SACS, SREP, CROPS, CMO). Il a été soutenu par l’AMIDEX (projet Étoile Montante 2013, porteur : S. Viel ; projet Emergence & Innovation 2017, porteur : S. Viel) et l’Institut Universitaire de France.

 

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RMN DNP des solides polymorphes

Le polymorphisme – i.e. la capacité d’un composé chimique à cristalliser sous différentes formes – est omniprésente dans les solides organiques. Il peut avoir d’énormes conséquences économiques et pratiques pour de nombreuses applications industrielles (e.g. en pharmacie) car différents polymorphes d’un même composé chimique présentent des propriétés physico-chimiques radicalement différentes. Malgré son importance, ce phénomène reste très peu compris aujourd’hui. Dans ce contexte, il existe deux défis majeurs :

  • Établir un lien entre la structure et les propriétés d’un polymorphe. Pour cela, le défi expérimental consiste à développer de nouvelles approches pour déterminer la structure des différents polymorphes à l’échelle de l’angstrom.
  • Arriver à contrôler la production d’une forme solide spécifique (targeted polymorphism). Pour cela, il est nécessaire d’étudier au niveau atomique le processus de formation des différents polymorphes d’un composé chimique, i.e. sa cristallisation.

Pour relever ces défis, notre équipe utilise développe des nouvels outils expérimentaux basés sur la RMN du solide couplée ou pas avec la Polarisation Dynamique Nucléaire (DNP), qui permet d’augmenter de manière impressionnante l’intensité du signal RMN en transférant la polarisation de spin d’électrons (non appariés) vers les noyaux sous l’effet d’une irradiation microonde.

Ce projet est soutenu par l’ERC (projet STRUCTURE 2017, porteur : Giulia Mollica), l’ANR (projet SHARP 2013, porteur : Pierre Thureau) et le CNRS (International Emerging Actions, porteur : Pierre Thureau).

 

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RMN cristallographique

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La diffraction de rayons X sur monocristal a révolutionné notre connaissance de la matière cristalline en fournissant des données structurales précises (~Å) pour une très grande variété d’échantillons, contribuant ainsi à l’émergence d’avancées scientifiques spectaculaires dans de nombreux domaines. Cette technique s’avère néanmoins inadaptée dans certains cas, notamment lorsqu’il n’existe pas de monocristaux de taille suffisante (quelques microns). De ce fait, l’élucidation de la structure cristalline d’un échantillon sous forme de poudre représente un enjeu de tout premier plan pour la chimie, la biologie et la physique. Dans ce contexte, la RMN du solide apparaît comme une technique incontournable car elle peut fournir des détails structuraux à l’échelle atomique sans nécessiter d’ordre à longue distance (à l’inverse des techniques de diffraction). En particulier, pour des échantillons sous forme de poudre, la RMN du solide peut accéder à la position relative des atomes dans l’espace grâce à la mesure de distances internucléaires, permettant ainsi de déterminer potentiellement la conformation et l’arrangement cristallin d’un cristal moléculaire.

Malheureusement, l’obtention de données structurales quantitatives par RMN du solide reste actuellement fortement limitée par manque de méthodologies appropriées, et ce, spécialement dans le cas de molécules organiques sans enrichissement isotopique préalable. En effet, la faible sensibilité intrinsèque de la RMN limite la possibilité d’observer les interactions entre les isotopes des noyaux actifs en RMN présents dans ces molécules, comme par exemple le carbone, l’azote ou encore l’oxygène (13C, 15N, 17O), qui ont, respectivement, une abondance naturelle de seulement 1.1%, 0.4% et 0.038%.

Pour combler à cette limite, notre équipe travaille au développement de nouvelles approches en RMN pour l’analyse de composés i) uniformément enrichis avec les isotopes d’intérêt, ou ii) en abondance isotopique naturelle à l’aide de la DNP.

Publications sélectionnées

  • A Karplus equation for the conformational analysis of organic molecular crystals, Thureau, P.; Carvin, I.; Ziarelli, F.; Viel, S.; Mollica, G.* Angew. Chem. Int. Ed. 2019, 58, 16047-16051.
  • Determining carbon-carbon connectivities in natural abundnace organic powders using dipolar couplings, Dekhil, M.; Mollica, G.; Ziarelli, F.; Thureau, P.*; Viel, S. Chem. Commun. 2016, 52, 8565-8568.
  • Quantitative structural constraints for organic powders at natural isotopic abundance via dynamic nuclear polarization solid-state NMR, Mollica, G.; Dekhil, M.; Ziarelli, F.; Thureau, P.; Viel*, S. Angew. Chem. Int. Ed. 2015, 54, 6028-6031.

Collaborations

Pr. Jonathan R. Yates, University of Oxford

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Etude de la cristallisation

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La cristallisation joue un rôle important dans de nombreux domaines de la biologie, de la chimie et de la science des matériaux, mais les mécanismes sous-jacents qui régissent la cristallisation sont encore mal compris en raison des limites expérimentales dans l’analyse de ces systèmes complexes et en continue évolution. Pour obtenir une compréhension fondamentale des processus de cristallisation, il est essentiel d’accéder à la séquence des phases solides produites en fonction du temps, avec une résolution au niveau atomique. La rationalisation des processus de cristallisation est particulièrement pertinente pour les matériaux polymorphes. En effet, le polymorphisme peut avoir d’énormes conséquences économiques et pratiques pour les applications industrielles en pharmacie et en énergie car différents polymorphes présentent des propriétés physico-chimiques différentes. Si, d’une part, cela offre de grandes opportunités pour moduler les performances du matériau en fonction de l’application souhaitée, d’autre part, des transitions polymorphes inattendues induites par la fabrication ou le stockage peuvent compromettre l’utilisation finale du produit solide. Fait intéressant, ces transformations impliquent souvent la formation de formes métastables, qui font l’objet d’une attention croissante car elles peuvent offrir de nouvelles formes cristallines aux propriétés améliorées.

Aujourd’hui, la détection et l’analyse structurelle précise de ces formes – généralement transitoires – restent difficiles, essentiellement en raison des limitations actuelles de la résolution temporelle et spatiale de l’analyse, ce qui empêche la rationalisation (et donc le contrôle) des processus de cristallisation. Plusieurs techniques in situ, notamment de diffusion, spectroscopie et microscopie, ont été appliquées sur un grand nombre de matériaux pour essayer d’observer les changements structuraux qui ont lieu dans le milieu de cristallisation, mais des limitations persistent, que ce soit en termes de la résolution structurale ou temporelle de l’analyse. Dans ce contexte complexe, la nucléation d’un solide reste l’un des aspects les plus intéressants et les plus difficiles à comprendre. En effet, les espèces supercritiques formées aux premiers stades de la croissance du solide sont généralement nanométriques, leur concentration est très faible et elles se déplacent très rapidement. Par conséquent, il est très difficile de les identifier et ensuite suivre leur évolution dans le milieu de cristallisation.

Dans notre laboratoire, nous développons des approches en RMN du solide combinée avec la DNP pour surmonter ces limitations.

Récemment nous avons démontré que l’utilisation de la RMN PDN permet i) d’augmenter la résolution temporelle de l’analyse à quelques secondes, et ii) d’obtenir des informations structurales à l’échelle atomique des différentes phases présentes dans le milieu de cristallisation en exploitant les effets d’hyperpolarisation. Notamment, en 2019 nous avons montré pour la première fois qu’il est possible de détecter, via la RMN, la présence de clusters de pré-nucléation dans une solution sursaturée.

Collaborations

Pr. Kenneth D. M. Harris, University of Cardiff

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